Par l’imam Ibn Al-Jawzî
Les gens appelaient Sufiyân Ibn Sa‘id
At-Thawrî -qu’Allâh lui fasse Miséricorde-
« Le chef des croyants dans le hadith ». Il naquit en l’an
quatre vingt dix sept. Il partit de Koufa à Bassrâ en l’an cent cinquante cinq.
Il mourut à Bassrâ en l’an cent soixante et un. Il était le savant de la
communauté, son dévot et son ascète.
Ses qualités étaient nombreuses. L’Imam Ibn Balbân ainsi qu’Al Ghazalî -qu’Allâh leur fasse Miséricorde- et d’autres qu’eux ont rapporté que lorsque Ar-Rachîd -qu’Allâh lui fasse Miséricorde- devint calife, tous les savants, accompagnés de leur famille, vinrent lui rendre visite, excepté Sufiyân At-Thawrî qui ne lui rendit pas visite, et ce, alors qu’il y avait des liens d’amitié entre eux. Cela blessa Ar-Rachîd qui lui adressa alors une lettre dans laquelle il lui dit :
Ses qualités étaient nombreuses. L’Imam Ibn Balbân ainsi qu’Al Ghazalî -qu’Allâh leur fasse Miséricorde- et d’autres qu’eux ont rapporté que lorsque Ar-Rachîd -qu’Allâh lui fasse Miséricorde- devint calife, tous les savants, accompagnés de leur famille, vinrent lui rendre visite, excepté Sufiyân At-Thawrî qui ne lui rendit pas visite, et ce, alors qu’il y avait des liens d’amitié entre eux. Cela blessa Ar-Rachîd qui lui adressa alors une lettre dans laquelle il lui dit :
« Au Nom d’Allah le Clément le Miséricordieux,
De la part du serviteur d’Allah, Hârun, le chef des
croyants à son frère en Allah Sufiyân Ibn Sa‘id At-Thawrî.
Tu sais, qu’Allah subhana wa ta‘ala a lié les croyants par des liens de fraternité .Quand à moi, je te considère comme mon frère en Allah, et pour cette fraternité, je n’ai pas rompu les liens d’amitié que j’ai pour toi, j’ai en moi une grande amitié pour toi et je suis à ton entière disposition. S’il n’y avait pas les responsabilités dont Allah subhana wa ta‘ala m’a chargé, je serais venu à toi, même à quatre pattes, et ce, en raison de l’amour que j’ai pour toi dans mon cœur.
Sache, ô Abu ‘Abdallah ! Qu’il n’y a pas un de nos frères à tous les deux qui ne soit venu me rendre visite et me féliciter pour les fonctions qui m’ont été confiées. J’ai ouvert la trésorerie et je leur ai donné des cadeaux magnifiques, ce qui m’a fait plaisir et qui m’a réjouit. J’ai trouvé que tu as tardé à venir me voir, et c’est pour cette raison que je t’écris cette lettre pour t’informer du désir ardent de te voir que j’éprouve envers toi.
Oh Abu ‘Abdallah ! tu connais les hadiths qui ont été rapportés au sujet du fait de rendre visite au croyant et d’entretenir les liens avec lui, alors dès que ma lettre te parviendra, empresse toi de venir à moi ! »
Puis, il remit la lettre à ‘Ibâd Atalquânî -qu’Allâh lui fasse Miséricorde- et lui
ordonna de la lui transmettre et d’observer attentivement tous ses faits et
gestes, petits et grands, afin de l’en informer.
‘Ibâd a dit : « Je partis avec la lettre
à Koufa et je trouvai Sufiyân -qu’Allâh lui fasse
Miséricorde-, dans sa mosquée.
Lorsqu’il me vit de loin, il se leva et dit :
« Je recherche protection auprès d’Allah,
Celui qui entend, Le Grand Savant, contre le diable, le maudit ! O Allah, je
recherche protection auprès de Toi, contre la personne qui frappe à la porte,
excepté si elle vient avec du bien ! ».
Je descendis de mon cheval à la porte de la
mosquée, Sufiyân se leva et se mit à prier, alors que ce n’était pas le moment
de la prière. J’entrai et je donnai le salut, mais aucune personne présente
dans l’assemblée ne leva la tête vers moi. Je restai debout et aucune d’entre
elles ne me proposa de m’asseoir. Face à leur air imposant, je fus pris de
tremblements.
Je lui lançai alors la lettre. Lorsqu’il vit
la lettre, il se mit à trembler et s’en éloigna comme si c’était un serpent qui
venait à lui, et ce, alors qu’il se trouvait à l’endroit où il faisait la
prière. Il se mit en position de génuflexion, se prosterna et salua. Ensuite,
il mit sa main dans sa manche et prit la lettre et la retourna, puis il la
lança à la personne qui se trouvait derrière lui et dit : « Que l’un d’entre vous la lise, car je demande pardon à
Allah, de toucher une chose qu’un tyran a touché de ses mains ».
‘Ibâd ajouta : « L’un d’eux tendit sa main vers Sufiyân alors qu’il tremblait, comme si c’était un serpent qui le mordait, puis il la lut. Ensuite Sufiyân émit un sourire d’étonnement.
‘Ibâd ajouta : « L’un d’eux tendit sa main vers Sufiyân alors qu’il tremblait, comme si c’était un serpent qui le mordait, puis il la lut. Ensuite Sufiyân émit un sourire d’étonnement.
Lorsqu’il termina de la lire, il lui dit : « Retournez-là et écrivez à ce tyran derrière sa lettre,
car s’il s’est procuré le papier de la lettre d’une manière licite, il sera
récompensé pour celle-ci, par contre, s’il se l’est procuré d’une manière
illicite, alors il se fera brûler avec, et rien de ce qu’un tyran a touché avec
sa main et qui peut pervertir notre religiosité ne restera auprès de nous »,
On lui dit alors : « Que devons-nous écrire ? »,
Il répondit : « Ecrivez :
Au Nom d’Allah le Clément le Miséricordieux
De la part du serviteur et du pécheur Sufiyân, à
l’attention du serviteur berné par l’espoir de vivre longtemps, Hârun, celui a qui,
la douceur de la foi, ainsi que le plaisir de la lecture du Coran ont été
enlevés.
Je t’écris afin de t’informer que j’ai coupé les
liens avec toi et que j’ai rompu l’amitié que j’avais pour toi. Tu as fais de
moi, un témoin contre toi, et ce, car tu as reconnu toi-même, dans ta lettre,
que tu as assaillis la trésorerie des musulmans, et que tu as dépensé et
gaspillé à tort ; sache que je témoigne contre toi, moi et mes frères qui ont
assisté à la lecture de ta lettre, et nous allons nous servir de ce témoignage
auprès du Juge Juste ;
Ô Hârun ! Tu as assaillis la trésorerie des musulmans
sans leurs consentement ;
Les nouveaux venus à l’Islam, ainsi que ceux qui s’occupent d’eux et qui se trouvent sur
la terre d’Allah, les combattants pour la cause d’Allah
et les orphelins t’ont-ils agrée pour ton acte ?
Ceux qui connaissent le Coran par cœur et les gens de
science, c'est-à-dire ceux qui mettent cette dernière en pratique, t’ont-ils
agrée pour cet acte ?
Les orphelins et les veuves t’ont-ils agrée pour cet
acte ?
Les gens parmi tes sujets t’ont-ils agrée pour cela ?
Alors ô Hârun ! Sers ta ceinture et prépare les
réponses que tu vas donner lors de ton interrogatoire et arme toi de patience
pour les malheurs que tu vas subir.
Et sache que tu vas te tenir debout entre les mains
du Juge Juste, alors crains Allah pour toi-même, et ce, si t’ont été ôtés la
douceur de la science et de l’ascétisme, les plaisirs du Coran et le fait de
t’asseoir avec les bienfaisants, et que tu as accepté pour toi-même, d’être un
tyran et d’être pour les tyrans un chef.
Ô Hârun ! Tu t’es assis sur le trône et tu t’es
habillé de moelleux ; tu as baissé les rideaux devant ta porte et tu t’es
assimilé au Maître du monde avec ton planton ; ensuite, tu as mis devant ta
porte tes soldats tyrans, qui oppriment les gens et qui ne sont pas justes ;
ils boivent du vin et ils punissent ceux qui boivent le vin, ils commettent
l’adultère et ils punissent celui qui commet l’adultère, ils volent et ils
coupent la main du voleur, ils tuent et ils celui qui tue.
Ces jugements devraient tout d’abord s’appliquer à
toi et à eux, avant qu’ils ne soient appliqués sur les gens.
Ô Hârun ! Quel sera ton état demain lorsque l’on
criera auprès d’Allah :
« Rassemblez les
injustes et leurs épouses »
[Coran 37 : 22 ],
« Où sont les tyrans et leurs aides ? »
Et que l’on te mettra devant Allah subhana wa ta‘ala
alors que tes deux mains seront attachées à ton cou. Seules ta justice et ton
équité pourront les détacher. Les tyrans seront autour de toi, et toi tu seras
leur chef pour les guider vers l’enfer. C’est comme si je te voyais, alors que
tu es attaché par une courte corde au cou et que tu endures les souffrances. Tu
vois tes bonnes actions dans la balance des autres personnes, et les mauvaises actions
des autres personnes s’ajoutent aux tiennes dans ta balance, tu vis malheur sur
malheur et ténèbres sur ténèbres.
Alors, Ô Hârun ! Crains Allah subhana wa ta‘ala en ce
qui concerne tes sujets, et prends soin de la communauté de Mohammad -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallam-.
Sache que ce que tu possèdes ira à autre que toi, et il en est de même pour la vie terrestre qui se déplace d’une personne à l’autre.
Certaines personnes font des provisions qui leurs
seront utiles, d’autres personnes perdent leur vie terrestre et perdront leur
vie de l’au-delà.
Fais attention et prends garde de m’écrire après
cette fois, car je ne te répondrai pas et reçois mes salutations. »
Ensuite, il jeta la lettre ouverte sans la
plier et sans la signer. Je la pris et je me dirigeai vers le marché de Kouffa,
alors que le sermon avait produit en moi un grand effet.
Je poussai un cri en disant : « Ô habitants de Kouffa ! Qui désire acheter un homme qui
fuit Allah pour se diriger vers Allah ? »,
Ils vinrent à moi avec les dinars et les
dirhams, je leur dis alors : « Je n’ai pas
besoin d’argent, mais j’ai besoin d’un manteau de laine rêche et d’une cape en
coton. Je pris cela et j’ôtai les vêtements que je portais sur moi avec
lesquels je me présentais devant le chef des croyants. »
Je me mis à conduire un cheval de charge jusqu’à ce que j’arrivai devant la porte de Hârun -qu’Allâh lui fasse Miséricorde-, le chef des croyants, et ce, en marchant pieds nus. Ceux qui étaient devant la porte se moquèrent de moi, puis, ils demandèrent la permission pour me permettre d’entrer.
Je me mis à conduire un cheval de charge jusqu’à ce que j’arrivai devant la porte de Hârun -qu’Allâh lui fasse Miséricorde-, le chef des croyants, et ce, en marchant pieds nus. Ceux qui étaient devant la porte se moquèrent de moi, puis, ils demandèrent la permission pour me permettre d’entrer.
Lorsque Hârun me vit dans cet état, il se leva
puis se rassit, puis il se leva et se mit à se frapper la tête et le visage,
puis il appela au malheur et à la guerre et dit : « Le messager a gagné, alors que l’expéditeur a perdu ; que
m’importe les biens de la vie terrestre, alors que la royauté va m’être prise
rapidement ? ».
Je lui lançai le courrier ouvert de la même manière qu’il me fut remis. Il se mit à le lire, alors que les larmes coulaient sur ses joues et qu’il sanglotait.
Je lui lançai le courrier ouvert de la même manière qu’il me fut remis. Il se mit à le lire, alors que les larmes coulaient sur ses joues et qu’il sanglotait.
Certaines personnes présentes dans son
assemblée s’exclamèrent : « Ô chef des
croyants ! Sufiyân a fait preuve de manque de respect envers toi, alors
pourquoi ne pas envoyer quelqu’un lui mettre des chaînes lourdes et
l’emprisonner, afin qu’il serve de leçon pour autrui ! ».
Hârun dit alors : « Laissez Sufiyân ! Ô adorateurs de la vie terrestre ! Car
le prétentieux est celui que vous avez trompé ; par Allah, le malheureux est
celui avec qui vous vous asseyez ! Sufiyân est une communauté à lui tout seul. »
Ar-Rrachîd -qu’Allâh lui fasse Miséricorde- conserva la lettre de Sufiyân -qu’Allâh lui fasse Miséricorde- et il ne cessa de la lire après chaque prière et il pleurait, et ce, jusqu’à ce qu’il mourut.
Source : L’histoire des Compagnons et des Pieux Prédécesseurs.
Ar-Rrachîd -qu’Allâh lui fasse Miséricorde- conserva la lettre de Sufiyân -qu’Allâh lui fasse Miséricorde- et il ne cessa de la lire après chaque prière et il pleurait, et ce, jusqu’à ce qu’il mourut.
Source : L’histoire des Compagnons et des Pieux Prédécesseurs.
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